Stratégie de l'UE en matière de protéines

Mise à jour

La commission de l'agriculture du Parlement européen a présenté ses idées pour augmenter la production de protéines. Elle encourage la Commission européenne à proposer une nouvelle stratégie ambitieuse en matière de protéines. Celle-ci devrait être publiée au début de l'année 2024.

Contexte

Le secteur de l'élevage de l'UE a une forte demande en protéines végétales. Cette demande ne peut être satisfaite par la production de l'UE. L'UE dépend donc fortement des importations de protéines d'origine végétale pour l'alimentation animale, en particulier du soja en provenance d'Argentine, du Brésil et des États-Unis.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a accru le risque de volatilité des prix et de perturbations commerciales. En raison des perturbations de l'approvisionnement, les coûts des aliments pour animaux ont augmenté, contribuant à des niveaux élevés d'inflation des denrées alimentaires dans l'UE. On craint également que la demande de l'UE en protéagineux soit un facteur clé de la déforestation, de la dégradation des sols et de la perte de biodiversité dans les pays non membres de l'UE.

En novembre 2018, la Commission a publié un rapport contenant des recommandations politiques visant à renforcer le développement des protéines végétales cultivées dans l'UE, mais n'a pas défini de stratégie globale en matière de protéines(Commission européenne 2018).

La stratégie 2020 " De la ferme à la table " a pris d'autres engagements pour favoriser les protéines végétales cultivées dans l'UE, y compris les matières premières alternatives pour l'alimentation animale, mais n'a pas mis en place de plan pour les protéines.

Au printemps 2022, la pression exercée par le Parlement européen et les États membres de l'UE a conduit la Commission à annoncer des travaux futurs sur une stratégie en matière de protéines(Euractiv 2022).

Produits concernés

Protéagineux, algues, insectes

qu'est-ce qui change ?

En septembre 2023, la commission de l'agriculture du Parlement européen a exposé ses idées sur ce que l'UE devrait faire pour stimuler la production nationale de protéines. Le Parlement espère façonner la réflexion de la Commission européenne sur une nouvelle stratégie de l'UE, attendue début 2024.

La réduction de la dépendance de l'UE à l'égard des protéines importées passe par les mesures suivantes

• augmenter la production européenne de protéines d'origine végétale
• diversifier les sources de protéines disponibles pour l'alimentation humaine et animale (y compris les protéines microbiennes, d'insectes et d'algues )
• une plus grande efficacité et une plus grande circularité dans la manière dont les aliments sont produits et consommés.

Le Parlement propose un certain nombre d'actions politiques concrètes pour stimuler la production de protéines d'origine végétale dans l'UE et permettre aux producteurs européens de protéines de devenir plus compétitifs.

• Un règlement sur les additifs pour l'alimentation animale qui encourage l'innovation (car les additifs pour l'alimentation animale sont importants pour réduire les émissions et améliorer la consommation de protéines).
• Une législation plus simple sur les nouveaux aliments qui permettra aux produits innovants d'arriver plus rapidement sur le marché.
• Permettre l'utilisation d'un plus grand nombre de types de déchets biodégradables comme aliments pour animaux.
• Une législation sur les biocarburants qui permette une production stable à long terme (pour donner aux producteurs de cultures riches en protéines une plus grande confiance dans la possibilité d'obtenir des revenus à partir des biodéchets).
• Adoption d'un règlement sur les nouvelles techniques génomiques.
• Nouvelle certification de l'élimination du carbone pour stimuler la production de cultures riches en protéines ayant un effet de réduction du carbone.
• Règles de la politique agricole commune offrant la stabilité et la flexibilité nécessaires pour encourager la production de cultures riches en protéines.
• Étiquetage sur le devant de l'emballage comparant l'empreinte carbone des denrées alimentaires et des aliments pour animaux.
• L'élaboration d'un bilan des protéines alimentaires dans l'UE
• Des règles relatives aux achats effectués par les organismes publics ("marchés publics") qui inciteront à une production et à une consommation plus durables de protéines
• Financement de la recherche et du développement dans le domaine des protéines végétales et alternatives.

pourquoi ?

Le Parlement européen souligne que l'UE ne produit que 77 % des protéines alimentaires utilisées dans l'Union. Et seulement 29% des matières premières à haute teneur en protéines nécessaires à l'équilibre de l'alimentation animale proviennent de l'UE. Le Parlement estime que l'UE est trop dépendante des importations de protéines. Il est donc urgent d'augmenter la production de protéines de l'UE par des actions politiques concrètes.

Calendrier

Le Parlement européen devrait voter sur le projet de rapport de la commission de l'agriculture à la mi-octobre 2023.

La Commission européenne devrait publier une révision de sa politique en matière de protéines au début de l'année 2024.

quelles sont les principales implications pour les pays exportateurs ?

Défis

• L'augmentation de l'autosuffisance de l'UE en matière de cultures à haute teneur en protéines pourrait réduire la demande d'importations.

Opportunités

• La diversification des sources de protéines pour l'alimentation humaine et animale peut encourager les chaînes d'approvisionnement en protéines alternatives - par exemple, les insectes et les algues - et ouvrir de nouveaux marchés pour les pays non membres de l'UE qui disposent d'un avantage concurrentiel dans la production de ces protéines.
• La demande croissante de protéines vertes de la part des consommateurs de l'UE peut stimuler les opportunités pour les acteurs durables, y compris pour l'autonomisation sociale et économique des producteurs dans les chaînes d'approvisionnement et les systèmes alimentaires durables.
• La réduction des importations de protéines d'origine végétale renforcera les initiatives existantes visant à réduire la déforestation dans les pays tiers.

Actions recommandées

Les pays qui exportent des protéines d'origine végétale vers l'UE devraient prendre en compte les éléments suivants

• l'impact potentiel d'une plus grande autosuffisance en protéines de l'UE sur leurs exportations de protéines d'origine végétale destinées à l'alimentation animale
• les possibilités et les avantages concurrentiels potentiels liés à l'investissement dans d'autres chaînes d'approvisionnement durables pour exploiter le marché européen croissant des protéines vertes.

Ressources

Commission européenne (2018) Rapport sur le développement des protéines végétales dans l'Union européenne.

Euractiv (2022) EU-wide protein strategy on the cards as Commission changes its tune. Euractiv, 5 avril.

Sources