Vers un secteur européen des algues fort et durable

Mise à jour

Le 15 novembre 2022, la Commission a adopté la communication "Vers un secteur européen des algues fort et durable", une initiative visant à libérer le potentiel des algues en tant que source durable de protéines alternatives.

Contexte

L'UE vise à exploiter le potentiel des algues en tant que ressource renouvelable en Europe afin de garantir la sécurité de l'approvisionnement en matières premières et en énergie. Le mécanisme d'avis scientifique de haut niveau de la Commission européenne prévoit une demande supplémentaire de biomasse de plus de 100 millions de tonnes pour l'alimentation humaine au cours des 20 prochaines années. Cette initiative transforme les défis actuels liés à l'environnement et au climat en opportunités commerciales dans le cadre du " Green Deal" européen.

La stratégie "De la ferme à la table " souligne le rôle des algues en tant que source importante de protéines alternatives pour un système alimentaire durable et la sécurité alimentaire mondiale. Les algues sont des aliments sains et hypocaloriques, pauvres en graisses et riches en fibres alimentaires, en micronutriments et en composés bioactifs, certaines espèces ayant une teneur en protéines particulièrement élevée. Elles constituent également une matière précieuse pour plusieurs autres applications commerciales, notamment l'alimentation animale/poisson et les additifs alimentaires, les produits pharmaceutiques, les nutraceutiques, les biofertilisants végétaux, les emballages à base biologique, les cosmétiques ou les biocarburants, et en tant que fournisseur de services pour le traitement des eaux usées et l'élimination du carbone et des nutriments des écosystèmes aquatiques.

La communication sur les cycles durables du carbone reconnaît le potentiel des algues pour l'économie du carbone bleu. Les algues constituent l'habitat côtier végétal le plus étendu et le plus productif, et ont un fort potentiel de séquestration. La demande européenne d'algues pourrait passer d'environ 270 000 tonnes en 2019 à 8 millions de tonnes en 2030, et atteindre une valeur de 9 milliards d'euros. Une telle augmentation de la production pourrait créer environ 85 000 emplois et atténuer jusqu'à 5,4 millions de tonnes d'émissions de_CO2 par an.

Les algues, et plus particulièrement l'aquaculture des algues marines, sont actuellement soumises à une multitude de textes réglementaires nationaux et européens, dont les règlements, recommandations et directives suivants :

• Règlement 1143/2014 sur les espèces exotiques
• Règlement 708/2007 relatif à l'utilisation en aquaculture des espèces exotiques et des espèces localement absentes
• Règlement 511/2014 relatif aux mesures de conformité pour les utilisateurs du protocole de Nagoya
• Règlement 2015/2283 sur les nouveaux aliments
• Règlement 1380/2013 relatif à la politique commune de la pêche
• Recommandation 2018/464 sur la surveillance des métaux et de l'iode dans les algues marines, les halophytes et les produits à base d'algues marines
• Directive "Habitats" 92/43/CEE
• Directive sur la planification de l'espace maritime 2014/89/UE
• Directive-cadre "Stratégie pour le milieu marin" 2008/56/CE
• La directive-cadre sur l'eau 2000/60/CE.

Certaines législations européennes s'appliquent à la culture des algues en mer ou sur terre. Cependant, il existe une fragmentation considérable dans les zones où il n'y a pas de cadre réglementaire au niveau de l'UE. Une approche plus coordonnée est nécessaire, y compris des procédures simplifiées et un cadre de contrôle et de qualité, dans le but ultime de mettre sur le marché des produits à base d'algues issus d'une biomasse sûre et d'origine durable.

qu'est-ce qui change ?

Dans sa communication, la Commission européenne définit une approche cohérente pour un secteur européen des algues robuste, durable et régénérateur, capable de répondre à la demande croissante de l'UE en matière de ressources renouvelables. Elle conclut que pour atteindre cet objectif et stimuler le secteur des algues, des actions politiques supplémentaires sont nécessaires.

Sur la base d'une analyse du secteur et de la consultation des parties prenantes, il propose des actions réglementaires et non réglementaires. Ces actions s'appuient sur les initiatives existantes, en tenant compte des sciences, des connaissances et des données disponibles, ainsi que des meilleures pratiques commerciales.

Qu'est-ce qui a été fait jusqu'à présent ?

Le Forum de la bioéconomie bleue, une plateforme pour les entrepreneurs, les chercheurs, les fonctionnaires et d'autres parties prenantes, a publié sa feuille de route pour la bioéconomie bleue (2019), qui contient des recommandations dans quatre domaines principaux :

• politique, environnement et réglementation
• le financement et le développement des entreprises
• les consommateurs et les chaînes de valeur
• la science, la technologie et l'innovation.

Ces dernières années, la Commission a lancé et soutenu un certain nombre d'initiatives liées aux algues. Il s'agit notamment des initiatives suivantes

• Le projet EU4Algae (création d'une plateforme européenne collaborative des parties prenantes du secteur des algues)
• Les appels à candidatures pour les fonds de recherche et d'innovation de l'UE(Horizon 2020; Horizon Europe)
• L'entreprise commune Circular Bio-based Europe
• Investissements dans le secteur des algues par l'intermédiaire du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche et du Fonds européen de développement régional
• Les mécanismes de soutien aux entreprises liés à l'économie bleue(Blue Invest; le mécanisme d'aide à l'aquaculture).

D'autres initiatives ont été mises en place pour améliorer les connaissances sur les algues :

• Le réseau européen de données et d'observations marines
• Le centre de connaissances de la Commission pour la bioéconomie
• Le mandat "biomasse" du Centre commun de recherche (CCR)
• Études sur la manière dont les algues pourraient contribuer à atteindre les objectifs liés au climat et sur leur relation avec les nutriments
• Initiatives de sensibilisation et d'éducation aux océans.

Comment l'UE peut-elle libérer le potentiel du secteur européen des algues ?

Les principaux objectifs de la Commission sont les suivants

• développer la culture et la production d'algues régénératives dans l'ensemble de l'UE
• développer et généraliser les marchés pour les applications alimentaires et non alimentaires des algues.

La Commission présente une série d'initiatives visant à améliorer la gouvernance et l'environnement des entreprises, à renforcer les connaissances et à sensibiliser la société aux algues. Certaines mesures réglementaires spécifiques prévues par la Commission sont présentées dans le tableau 1.

pourquoi ?

Le secteur européen des algues présente un potentiel important pour la bioéconomie bleue de l'UE, en particulier dans les communautés côtières. L'élevage d'algues peut contribuer aux objectifs de l'UE en matière de décarbonisation, de pollution zéro, de circularité, de préservation et de restauration de la biodiversité, de protection des écosystèmes et de développement des services environnementaux. Les algues peuvent remplacer les produits d'origine fossile et servir de matière première pour les biofertilisants végétaux, les produits chimiques et autres matériaux d'origine biologique et les biocarburants.

quelles sont les principales implications pour les pays exportateurs ?

L'UE est déjà l'un des principaux importateurs mondiaux de produits à base d'algues en termes de valeur, et la demande de l'UE pour les algues et les produits à base d'algues devrait augmenter dans les années à venir. La demande forte et croissante de produits à base d'algues en Europe peut créer des opportunités pour les exportateurs de ces produits vers l'UE.

La demande du marché pour les microalgues telles que la chlorelle et la cyanobactérie spiruline, qui peuvent être produites sur terre et loin de la mer, augmente également dans l'UE.

Cependant, le développement d'une industrie des algues forte dans l'UE, centrée sur la production aquacole et la mariculture innovante d'algues, et comprenant une autonomie stratégique par rapport aux importations et des normes industrielles nouvelles ou améliorées pour les produits à base d'algues, implique un marché plus compétitif pour les exportateurs de ces produits qui sont partenaires d'AGRINFO.

Ressources

Ressources en ligne de la Commission européenne :

• Mandat Biomasse
• Blue Invest
• Entreprise commune Circular Bio-based Europe
• EU4Algae
• Réseau européen de données et d'observations marines
• Centre de connaissances pour la bioéconomie
• Feuille de route pour la bioéconomie bleue

Sources

Tableaux et figures

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